Les États-Unis accusent l’Iran d’être derrière les attaques de pétroliers, vidéo à l’appui

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Sur cette image, extraite de la vidéo diffusée par l’armée américaine, on voit un petit bateau s’approcher du pétrolier japonais. Selon les américains, il s’agit  d’une intervention iranienne, preuve de leur culpabilité.

Téhéran a rejeté des accusations « sans fondement » et dénoncé un « sabotage diplomatique » après l’attaque de deux pétroliers en mer d’Oman.

Jade ToussayLe HuffPost avec AFP

INTERNATIONAL – Les États-Unis ont accusé sans détour l’Iran d’être “responsable” des attaques du jeudi 13 juin contre deux pétroliers en mer d’Oman, s’appuyant notamment sur des images diffusées par l’armée. Un incident aux circonstances encore floues mais qui fait craindre un nouvel embrasement dans le Golfe.

Pétrolier en feu, opérations de sauvetage de dizaines de marins: deux tankers, norvégien et japonais, ont été la cible d’une attaque dans un passage maritime stratégique mondial, ce qui a immédiatement fait grimper les prix du pétrole.

La tension était déjà élevée depuis de précédentes attaques, il y un mois quasiment jour pour jour, contre quatre navires au large des Émirats arabes unis, acte pour lequel Téhéran avait déjà été montré du doigt par Washington. Mais, à l’époque, l’administration de Donald Trump avait pris plusieurs jours avant de parvenir à cette conclusion. Jeudi, sa réaction a été immédiate.

“Le gouvernement des États-Unis estime que la République islamique d’Iran est responsable des attaques de ce jour en mer d’Oman”, a lancé le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo lors d’une allocution solennelle, accusant Téhéran de vouloir empêcher le passage du pétrole par le détroit d’Ormuz pour perturber le marché mondial.

Il a évoqué, à l’appui de ses accusations, des informations récoltées par les services de renseignement, “les armes utilisées”, les précédentes attaques contre des navires et le fait qu’aucun des groupes alliés de l’Iran dans la région n’ait les moyens d’atteindre “un tel niveau de sophistication”.

Surtout, l’accusation américaine s’appuie sur une vidéo diffusée par l’US Navy (et visible ci-dessous), capturée par un avion militaire américain alors qu’il survolait la zone. On y voit un petit bateau s’approcher du tanker japonais, puis, un homme semble retirer un objet collé à la coque du navire. Selon un responsable américain, il s’agirait d’une une mine non explosée sur le flanc d’un des pétroliers, bien que cette source n’ait toutefois pas été en mesure d’évoquer un lien entre cet engin et l’Iran à ce stade.

Pour Mike Pompeo, ces actes “représentent une menace claire pour la paix et la sécurité internationales, une attaque flagrante contre la liberté de navigation et une escalade des tensions inacceptable de la part de l’Iran”.

Téhéran accuse Washington de “sabotage diplomatique”

La coalition dirigée par l’Arabie saoudite qui intervient militairement au Yémen contre les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, a aussi dénoncé une “escalade majeure”, mettant en cause, au moins indirectement, le régime iranien.

L’Iran avait pourtant auparavant exprimé ses “inquiétudes” après des “incidents suspects”, indiquant avoir secouru 44 membres d’équipage des deux pétroliers après des appels de détresse. Ce vendredi matin, après la diffusion de la vidéo par les États-Unis, Téhéran a fermement démenti des accusations “sans fondement”, menaçant de s’affranchir de nouveau de certaines restrictions à son programme nucléaire.

“Que les États-Unis aient immédiatement sauté sur l’occasion pour lancer des allégations contre l’Iran (sans) le début d’une preuve fondée ou circonstancielle fait apparaître en pleine lumière le fait que (Washington et ses alliés arabes) sont passés au plan B: celui du sabotage diplomatique (…) et du maquillage de son #TerrorismeEconomique contre l’Iran”, écrit le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif sur Twitter.

La région subit depuis plus d’un mois une escalade des tensions entre les États-Unis et l’Iran. Washington, qui ne cesse de durcir ses sanctions économiques et diplomatiques contre Téhéran après avoir claqué la porte il y a un an de l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, a soudainement multiplié début mai les déploiements militaires au Moyen-Orient, accusant le régime iranien de préparer des attaques “imminentes” contre des intérêts américains.

Selon le commandement central américain (Centcom), chargé notamment du Moyen-Orient, l’USS Mason a fait route vers le navire japonais attaqué “pour fournir de l’assistance”. Ce destroyeur lance-missiles doit rejoindre l’USS Bainbridge, qui a secouru les 21 membres d’équipage du Kokuka Courageous.

Le chef de l’ONU Antonio Guterres a averti jeudi que le monde ne pouvait pas se permettre un conflit majeur dans le Golfe. Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni en urgence à huis clos. L’ambassadeur américain Jonathan Cohen a répété que tous les éléments semblaient désigner l’Iran, ont rapporté des diplomates. “Il faut que le Conseil de sécurité reste saisi du sujet”, a fait valoir Jonathan Cohen. “Si on ne réagit pas, d’autres attaques sont possibles”.

“L’Iran rejette catégoriquement les accusations infondées des Etats-Unis et les condamne dans les termes les plus forts”, a répliqué la mission iranienne auprès de l’ONU dans un communiqué jeudi soir. Le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a dénoncé “une évolution dangereuse” au Moyen-Orient.

Un dialogue plus qu’incertain

Les circonstances des attaques sont encore très imprécises.

À Oslo, les autorités maritimes ont fait état de trois explosions à bord d’un pétrolier norvégien. Battant pavillon des îles Marshall et propriété du groupe norvégien Frontline, le pétrolier “Front Altair” a été “attaqué” entre les Emirats et l’Iran ”à 06H03 locales”, ont-elles indiqué, précisant qu’aucun membre d’équipage n’avait été blessé et que ce tanker de 111.000 tonnes était en flammes. La télévision d’Etat iranienne Irib a montré des images spectaculaires d’une épaisse colonne de fumée noire s’élevant du navire.

Le Kokuka Courageous, un méthanier, a essuyé des tirs mais son équipage a été sauvé -un marin a toutefois été légèrement blessé- et sa cargaison de méthanol est intacte, a affirmé son opérateur japonais Kokuka Sangyo. Le navire se dirigeait vendredi vers le port omanais de Khor Fakkan.

Malgré son accusation directe contre l’Iran, l’administration américaine n’a annoncé aucune nouvelle mesure de représailles. Elle a même, d’une certaine manière, réitéré son appel au dialogue que venait de repousser le Guide suprême iranien.

L’ayatollah Khamenei a ainsi rejeté jeudi tout dialogue avec Donald Trump, qui “ne mérite pas qu’on échange des messages avec lui”.

Le président des États-Unis a tweeté de son côté qu’il était “trop tôt pour ne serait-ce qu’envisager de trouver un accord”. “Ils ne sont pas prêts et nous non plus”, a-t-il écrit, après avoir multiplié les appels du pied ces dernières semaines. Mais, selon Mike Pompeo, Washington souhaite toujours que Téhéran revienne à la table des négociations “le moment venu”.

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