CULTURE & CINÉMA : « Banlieusards », le film de Kery James que “personne ne voulait voir au cinéma »

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Banlieusards

Disponible sur Netflix dès le samedi 12 octobre, le premier film de Kery James a bien failli ne jamais sortir. Le rappeur s’est confié au média HuffPost.

Kery James, dans le rôle de Demba, incarne un trafiquant de drogues dans les banlieues de Champigny.

CINÉMA – C’est un projet qui aura mis cinq ans à voir le jour. Cinq longues années durant lesquelles le rappeur Kery James a tenté, en vain, de vendre son film à des diffuseurs qui lui ont claqué la porte les uns derrière les autres. Avec la double casquette d’acteur et réalisateur, l’ancien membre de Mafia K’1 Fry a finalement choisi la plateforme Netflix pour sortir son premier film inspiré de sa chanson “Banlieusard” sortie dix ans plus tôt.

“Ce film, il transpire ce que je suis”, confie Kery James au HuffPost. À tel point qu’à l’issue des 3 premières minutes, la question est posée: “L’État est-il seul responsable de la situation actuelle des banlieues en France?” Une question de fond à double tranchant qui a animé les textes de rap de Kery James depuis plus de vingt ans. Pourtant, c’est un projet qui a bien failli ne jamais voir le jour.

Bande annonce :

“On ne voulait pas donner la parole à un noir”

Kery James nous l’avoue sans rougir, “Netflix était la dernière option”. Après avoir frappé à la porte de multiples diffuseurs “sans lesquels le film était mort”, le rappeur semble face à un plafond de verre impénétrable. “Aucun diffuseur n’a voulu de mon film. C’est quelque chose qui a été très dur à comprendre”, se souvient-il.

“Pourtant, mon scénario a été salué plusieurs fois, je suis quand même arrivé en finale du Concours Sopadin parmi 200 scénarios, j’ai été lauréat du Concours Beaumarchais… J’ai quand même un public depuis des années. Je me suis dit qu’on ne voulait pas donner la parole à un noir”, souffle le réalisateur.

Lui vient alors l’idée d’une pièce de théâtre en 2017 pour prouver que son scénario tient debout: “C’est parce que je n’arrivais pas à trouver de financement pour mon film que j’ai décidé d’extraire du scénario cette pièce de théâtre. C’était censé nous permettre de prouver que le projet fonctionnait mais malgré ça, malgré 100.000 spectateurs, 162 représentations, c’était toujours ‘non’, impossible de trouver un financement. Ils m’ont cru incapable de réaliser un film français.”

Les banlieues effacées du grand écran 

“Banlieusards” raconte l’histoire de Souleymann, Noumouké et Demba, trois frères de la banlieue de Champigny, dont les destins liés seront pourtant amenés à s’accomplir de manière opposée.

Une façon pour Kery James de rendre justice à la pluralité des visages de banlieues, bien souvent “soit stigmatisés, soit effacés” du débat politique. “C’est pas que le sujet des banlieues a disparu mais au fil des années, il a été transformé”, estime le rappeur.

Et de conclure: “On ne parle plus des banlieues comme avant pour évoquer la délinquance ou ce genre de choses, mais on l’évoque pour parler de l’Islam et des musulmans. Sauf que les musulmans visés dans ces débats, où ils se trouvent? Ce sont majoritairement des arabes et des noirs qui vivent en banlieue dans les quartiers. Donc on ne parle finalement plus vraiment des banlieues mais des gens qui y vivent. C’est ça qui a changé.”

Extrait du film avec ce passage : « Qui est l’Etat ? »

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