Suisse : La NSA espionne-t-elle le monde depuis le Valais ?
Spread the love
A Loèche se côtoient 10 antennes du système d’écoute du Département fédéral de la défense (DDPS) et 25 antennes de la société Signalhorn, dont certains clients sont proches de l’agence américaine du renseignement (NSA). Comment est-ce possible et quels sont les risques? Le 2e épisode de la web-série « La Suisse sous couverture » tente d’y répondre.
Depuis 1974, les PTT (devenus Swisscom) et la Confédération gèrent un parc d’antennes paraboliques à Loèche, un site considéré comme le cœur du système de renseignement suisse. En l’an 2000, ils créent la surprise en cédant une grande partie des paraboles à l’entreprise américaine Verestar, qui a des liens indirects avec la NSA. Depuis, plusieurs entreprises ont défilé à Loèche, mais elles ont toujours compté parmi leurs clients des sociétés susceptibles d’entretenir des rapports avec les services de renseignements américains.
Du côté de la Berne fédérale, on assure que tout va bien. En 2001, le Conseil fédéral exprime sa confiance à l’exploitant Verestar. En 2012, le Département fédéral de la défense (DDPS) prend le relais, et affirme, à propos du nouvel exploitant, Signalhorn, que l’indépendance est assurée. L’armée et l’entreprise ne partagent que les charges d’eau et d’électricité.
RTSinfo diffuse cette semaine la web-série « La Suisse sous couverture », consacrée aux liens entre la Confédération et le renseignement international. Replongez dans cette affaire d’antennes valaisannes en regardant le deuxième épisode « Les grandes oreilles de la Confédération » (ci-dessus) avec son complément d’informations (ci-dessous).
« La Suisse n’est pas neutre lorsqu’il s’agit des services de renseignement, c’est évident. »
Les PTT installent une antenne parabolique sur le site du Brentjong, au-dessus de Loèche (voir carte tout en bas) afin d’offrir des solutions de communication par satellite entre la Suisse et l’étranger. L’opération se fait conjointement avec le Département fédéral de la défense (DDPS). Une deuxième antenne est construite en 1980. Le site ne cesse ensuite de s’agrandir.
2000 – l’américain Verestar achète des antennes
Les antennes de Loèche sont perfectionnées. Nommées Satos-3, elles figurent désormais au coeur du système Onyx, un projet suisse d’interception des communications internationales (téléphone, fax et internet) qui transitent par satellite. Deux autres sites font partie de ce programme: Zimmerwald (BE) et Heimenschwand (BE).
A l’automne, les PTT devenus Swisscom SA scindent le site du Brentjong en deux. Dix antennes sont confiées au DDPS pour un usage militaire. Le reste est vendu pour des objectifs civils à Verestar. Nommée jusqu’ici ATC Teleports, cette société américaine était une filiale d’American Tower Corporation, l’un des principaux exploitants et concepteurs de services de radiodiffusion en Amérique du Nord. Des politiciens s’interrogent sur la confiance à accorder à Verestar.
« Concernant cette opération, j’avais, personnellement, un mauvais pressentiment. »