Suicide présumé de l’humoriste
Bun Hay Mean
Bun Hay Mean, l’humoriste qui se faisait appeler « Chinois marrant » a été retrouvé mort dans la matinée du jeudi 10 juillet au matin à Paris. Le décès serait lié à un accident et non à un suicide selon son entourage.
Bun Hay Mean a été retrouvé mort, jeudi 10 juillet au matin, dans une rue du XVIIe arrondissement de Paris. L’humoriste, qui s’est fait connaitre sur les planches de stand-up sous le nom de scène de « Chinois marrant », aurait fait une chute d’un immeuble et serait tombé du 8e étage. RTL fait savoir que le parquet de Paris a ouvert une enquête « en recherche de causes de la mort ». Une procédure pénale habituelle lorsque les causes de la mort ne sont pas clairement établies et que la piste du suicide fait partie des hypothèses.
Ce jeudi, le producteur de l’humoriste a mis en ligne sur Instagram un message pour faire part de sa tristesse. Il a fait savoir que Bun Hay Mean était sur le point de partir en Montréal pour jouer sur scène, quand il a perdu son smartphone. « D’après les éléments en notre possession, c’est juste avant son départ, et en essayant de récupérer son téléphone tombé dans la gouttière de son balcon que Bun a glissé et fait une chute de plusieurs étages ». Selon la production de l’artiste, il s’agirait donc d’un accident.
La question d’un éventuel suicide s’est posée dans les heures suivent le drame, Bun Hay Mean ayant montré une certaines fragilité l’année dernières. L’humoriste avait été interné dans un hôpital de La Réunion en juin 2024 après avoir été vu déambulé dans la rue tenant des propos incohérent et s’arrachant lui-même les cheveux. Il assurait alors la tournée de son troisième spectacle. L’homme était « en souffrance », mais allait mieux ces derniers moins selon des proches. « Il était tellement heureux de retrouver la scène », a assuré son producteur dans un communiqué.
Humoriste, comédien et chroniqueur sur Canal+, ce Bordelais d’origine cambodgienne s’était imposé ces dernières années comme une figure singulière de l’humour en France, jouant avec les clichés, les tabous, et les identités culturelles avec une audace qui mêlait autodérision, critique sociale et finesse d’observation. Surnommé « le Chinois marrant », en début de carrière, il s’amusait de cette étiquette pour mieux pointer les préjugés et s’interroger sur ce que signifie être français aujourd’hui.
Issu d’une famille cambodgienne ayant fui le régime des Khmers rouges, Bun Hay Mean avait grandi à Bordeaux dans un environnement modeste. Passionné de théâtre et de stand-up, il avait débuté dans les cafés-théâtres parisiens, notamment au Paname Art Café, un tremplin pour de nombreux humoristes de sa génération. Sa notoriété avait explosé dans les années 2010 avec son spectacle « Chinois Marrant », un one-man-show provocateur où il jouait avec les stéréotypes sur les Asiatiques, les Blancs, les Noirs, les Arabes, mais aussi les Français en général. Sous ses airs de provocateur, Bun Hay Mean proposait un humour subtil, politique et profondément humaniste.
Son style rapide, tranchant, ponctué d’improvisations et de prises à partie du public, osait des sujets sensibles comme le racisme, les tensions sociales ou l’histoire coloniale, tout en gardant un ton accessible et comique. Sa capacité à jouer avec les codes du stand-up anglo-saxonne tout en les adaptant au contexte français le distinguait dans le paysage humoristique.
Bun Hay Mean était apparu au cinéma dans des rôles secondaires, notamment dans « Budapest » (2018), « Made in China » (2019) ou encore « Les Méchants » (2021). En 2021, il avait présenté un nouveau spectacle intitulé « Le Monde appartient à ceux qui le fabriquent », où il poussait encore plus loin sa réflexion sur l’actualité, les rapports Nord-Sud, et la fabrication des récits dominants.
Note de la rédaction:
Un autre Coluche? Un autre Daniel Balavoine? Combien sont-ils ces humoristes, ces artistes qui n’ont pas froid aux yeux, ces journalistes d’investigation dignes de ce nom, ces politiciens qui avancent à contre courant, ces hommes respectueux de la nature s’étant battus pour la forêt amazonienne, combiens sont-ils à avoir trouvé la mort par accident ou par suicide?
Stéphane Guibert (Facebook) / Stéphane Guibert (VK) / CrowdBunker