Santé publique : Lactalis aurait poussé un laboratoire à lui fournir des résultats positifs

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D’après les révélations d’Europe 1 lundi 19 février, l’entreprise agro-alimentaire au cœur d’un scandale sanitaire aurait multiplié pendant des années les pressions sur le laboratoire chargé de détecter les allergènes dans ses produits.

Voilà peut-être un nouvel élément d’explication au scandale sanitaire qui touche Lactalis, géant de l’agro-alimentaire qui a commercialisé du lait infantile contaminé aux salmonelles. Europe 1 révèle ce lundi 19 février que durant des années, l’entreprise aurait exercé de fortes pressions sur le laboratoire nantais chargé de contrôler la conformité de ses produits aux normes anti-allergies. Un ancien salarié de l’officine scientifique confie même que les membres du labo se disaient « souvent entre [eux] qu’un jour, un scandale sanitaire allait arriver« .

Le labo avait pour tâche de détecter les allergènes (gluten, fruits à coque, œufs) contenus dans les produits de Lactalis. Et le mécanisme décrit par Europe 1 est aussi simple que choquant : Lactalis était un « très gros client » du laboratoire basé en Loire-Atlantique, le contrat liant les deux parties se chiffrant à « plusieurs millions d’euros« . Les analyses scientifiques rendues se devaient donc d’être « satisfaisantes » pour le géant industriel, qui aurait été contraint de procéder à la destruction de plusieurs tonnes de produits en cas de résultats négatifs. Un employé glisse ainsi avoir eu « peur de Lactalis« .

Des échantillons « passés en boucle jusqu’à ce que le résultat nous intéresse »

Pour parvenir à ces résultats satisfaisants, un salarié raconte que « des échantillons spécifiques revenaient » et qu’ils étaient « passés en boucle jusqu’à ce que le résultat nous intéresse« . Les techniciens auraient ainsi été poussés à reproduire leurs analyses jusqu’à ce que celles-ci valent feu vert sanitaire pour le groupe agro-alimentaire. Un traitement de faveur qui aurait été réservé à Lactalis, sans aucune mesure avec celui
administré aux « clients lambda« .

Or, d’après des membres du laboratoire, la multiplication des tests sur un même produit leur enlève tout intérêt scientifique. « Plus vous re-testez le même échantillon, plus on peut passer d’une barrière à une autre. C’est ce petit jeu qui permet de passer sous la barre, alors qu’on était au-dessus« , confie-t-il à Europe 1. Au point qu’un ancien employé déclare même avoir carrément demandé à Lactalis s’ils « voulaient un test négatif » : « On ne met rien dans l’échantillon, on l’analyse, et comme ça, il sera négatif« .

Depuis un an et demi, les tests de Lactalis ont été transférés dans un autre laboratoire du même groupe, situé en Italie, pour des « raisons de coûts et de stratégie« . Pas très rassurant.

Vidéo : Fin de l’émission Cash Investigation où un responsable de la multinationale Lactalis répondait aux questions d’Élise Lucet.

Source de la vidéo : Cash Investigation

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