ENVIRONNEMENT : Quand la Suisse jetait ses déchets nucléaires dans l’océan Atlantique

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ENVIRONNEMENT : Quand la Suisse jetait ses déchets nucléaires dans l’océan Atlantique !

Quand la Suisse jetait ses déchets nucléaires dans l’océan Atlantique, et plein d’autres super (mauvaises) idées qui ont été envisagées depuis les années 70. Sans jamais trouver de vraies solutions pour les recycler complètement.

Les faits et les chiffres d’abord. Oui, entre 1969 et 1982, la Suisse a déversé 5321 tonnes de fûts contenant des substances radioactives dans trois tréfonds marins bordant le Golfe de Gascogne, entre 3900 et 4750 mètres de profondeur. Pour 99% de la masse, il s’agissait de béton et autres solides non radioactifs. En terme de radioactivité, les déchets suisses se montaient à 4419 terabecquerels, une quantité considérable, puisque la Suisse – avec une part de 5% de toute la radioactivité déversée en mer dans le monde entier – s’est située en troisième position après l’Union soviétique (45%) et le Royaume-Uni (41%). Ces déchets suisses déclinaient en terme d’intensité radioactive et continuent de décliner au rythme inexorable d’un facteur 2 tous les 30 ans ce qui correspond à un facteur de 1000 après 300 ans et d’un million après 600 ans.

Un moratoire international a mis fin à ces pratiques en 1993, la Suisse ayant cessé en 1982 déjà. A l’époque, je m’étais opposé par principe à ces dépôts en fonds marinsque je jugeais inopportuns, car il était devenu clair que notre société ne pouvait pas continuer de déverser ses déchets de tout genre dans les eaux et dans les airs de notre planète. Au lieu de la dilution, il fallait concentrer et enfouir en lieux sûrs dans le sol profond tous les déchets industriels toxiques. Selon ce principe, aucune technologie ne pouvait prétendre recourir à la mer, même avec des solutions certifiées scientifiquement acceptables.

Mais, comment des institutions et des scientifiques suisses ont-ils pu s’associer de bonne foi avant 1982 à une telle opération en Golfe de Cascogne, alors que le sens commun suggère un brassage continuel de la mer, des dispersions de contaminants et des remontées en surface avec impact sur santé et environnement?

L’explication, c’est que les fonds marins en dessous de 3000 mètres exhibent des caractéristiques physiques étonnantes qui échappent au sens commun, des caractéristiques que l’on connait bien scientifiquement et qui nous donnent une perspective différente de la durée et du temps en milieu marin profond:

-Dans une fosse marine de 4000 m de profond, l’eau ne circule pour ainsi dire pas; on le constate en la datant grâce à ses caractéristiques physiques et chimiques. La stratification reste très stable, piégeant les eaux profondes pour des éternités. En fait, les océanologues supputent  tout de même des déplacements verticaux de « quelques mètres par année », et ceci uniquement à certains endroits de l’Océan Indien, ce qui se traduit par une remontée de 3000 mètres en peut-être 1000 ans.

-La lumière n’atteint pas ces grandes profondeurs, la photosynthèse a cessé, l’activité biologique est au minimum végétal. Le peu de vie qu’on y trouve ne participe pas à une chaine alimentaire verticale. Ces rares animaux « lunaires », vivant en équilibre avec une pression ambiante de 300, voire 400 bars, ne survivraient pas à un voyage en altitude vers les plages de Biarritz. Ce qui laisse conclure que ni l’eau, ni une vie animale suffisamment riche ne peuvent transporter ces contaminations profondes jusqu’à la surface.

Et en fin de compte, il n’y aura plus rien à transporter vers les eaux supérieures de l’océan. Bien évidemment. L’un dans l’autre, le béton mis à nu par le fût rouillé ne se désagrègerait pas dans l’eau avant un siècle pour le moins (les piliers de nos ponts semblent le confirmer), l’eau contaminée ne pourrait ensuite atteindre les eaux vivantes de la surface que de 600 à 1000 ans plus tard. Et sur place, ces eaux mortes ne peuvent porter atteinte à aucun environnement, puisque ce monde des grandes profondeurs n’a presque pas de vie. Et pendant ces centaines d’années, la radioactivité aura en fait disparu d’elle même.

Contrairement à ce qu’affirme Arte, l’objectif n’était pas la dilution totale dans l’eau océanique, mais bien au contraire le confinement localisé  dans des fosses marines jusqu’à la disparition de la radioactivité par déclin physique. Pour conclure ce périple maritime, spéculons néanmoins sur un scenario catastrophe; admettons que par un coup de baguette maléfique, toute cette radioactivité suisse de 4419 terabecquerels s’était à l’époque échappée vers Biarritz pour se disperser dans les 100 mètres d’eau supérieurs du Golfe de Gascogne, celle du bouillonnement, celle des vagues: et bien cet apport suisse aurait représenté  moins d’un 60ième de la radioactivité naturelle qui s’y trouvait déjà depuis des millions d’années (14’000 becquerels par mètre cube) – un 150ième aujourd’hui. Et dire que la vie sur notre planète est issue de l’écume radioactive de la mer…

Ce voyage à travers le monde marin explique pourquoi ce stockage en eau profonde était scientifiquement justifié, était socialement acceptable du point de vue environnement et santé publique – une vérité pour les déchets d’origine suisse et pour les trois destinations géographiques choisies. Laissons donc nos déchets helvétiques finir leur vie dans les profondeurs désertiques de l’Océan Atlantique; pas de danger, car le monde poétique des Cousteau ne commence que beaucoup plus haut! Cette conclusion ne vaut naturellement pas pour tout, pour tous et partout, en tout cas pas en Mer Baltique pour les héritages soviétiques fortement radioactifs et peut-être pas pour les fûts de la Manche.

Crédit Vidéo : Radio Télévision Suisse

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