Environnement : Et pendant ce temps là, les abeilles se meurent !

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Depuis plusieurs années, un phénomène d’affaiblissement et de mortalité des colonies d’abeilles est constaté dans de nombreux pays. Dans ce contexte, pour la première fois, un programme de surveillance active de la mortalité des colonies d’abeilles, intitulé EPILOBEE, a été mis en œuvre en Europe au sein de 17 Etats membres : près de 32 000 colonies d’abeilles ont été inspectées pour mesurer les taux de mortalité et tenter d’identifier certaines causes.

Les abeilles sont des pollinisateurs précieux qui, avec d’autres insectes comme les syrphes, sont indispensables pour la production alimentaire : plus de 70 % des cultures, dont presque tous les fruitiers, légumes, oléagineux et protéagineux, épices, café et cacao, dépendent de la pollinisation. Outre ce travail, les abeilles produisent 234 000 tonnes de miel par an en Europe, grâce au travail de 630 000 apiculteurs qui gèrent 16 millions de ruches au total.

Malheureusement, depuis maintenant près de 50 ans, les abeilles meurent massivement dans de nombreux pays, notamment en Europe. On parle de « syndrome d’effondrement des colonies » (« colony collapse disorder » ou CCD).

Dans ce contexte, la Commission européenne a mandaté le laboratoire de l’Anses[1] de Sophia-Antipolis, laboratoire européen de référence pour la santé des abeilles,pour coordonner un programme de surveillance active de la mortalité des colonies d’abeilles, intitulé EPILOBEE et mis en œuvre en Europe dans 17 Etats membres. A sa demande, EPILOBEE a centré son travail, pour ses deux premières années de fonctionnement, sur la mise en place de critères harmonisés de mesure de l’affaiblissement des colonies et l’observation des pathologies infectieuses des abeilles. Le Laboratoire de l’Anses de Sophia-Antipolis a ainsi élaboré un protocole de surveillance validé par la Commissions européenne et mis en application dans chacun des Etats membres participant au programme. Elle a mis en place également une base de données destinée à la collecte et l’analyse de ces résultats.

Près de 32 000 colonies d’abeilles inspectées

31 832 colonies provenant de 3 284 ruchers ont été entièrement visitées dans 17 Etats membres entre l’automne 2012 et l’été 2013. Au total, 8 572 visites de ruchers ont été réalisées, permettant la collecte de nombreuses données. Ainsi, 103 930 analyses de laboratoire ont pu être stockées dans une base de données et seront analysées prochainement.
Les futures analyses permettront d’explorer les liens statistiques entre la mortalité des colonies et certains facteurs de risque, dont la prévalence de maladies, l’utilisation de traitements vétérinaires, le contexte apicole et d’autres paramètres extrinsèques aux colonies, comme l’alimentation, la saison, la migration, etc. Les pratiques apicoles, des informations sur les ruchers et les apiculteurs ainsi que les manifestations cliniques des principales maladies infectieuses et parasitaires ont été enregistrées au moyen d’un questionnaire détaillé.

Des taux de mortalité variables mais significatifs en hiver

Mais d’ores et déjà, la mortalité hivernale et pendant la saison apicole des colonies d’abeilles a pu être estimée. Ainsi, il a été calculé que le taux de mortalité hivernale variait entre les pays de 3,5 % à 33,6 %, avec une répartition géographique sud-nord. Les taux de mortalité des colonies pendant la saison apicole étaient compris entre 0,3 % et 13,6 % et plus faibles que les taux de mortalité hivernale.

Taux de mortalité des colonies d’abeilles inspectées en Europe
Pays Taux de mortalité hiver 2012-2013 Taux de mortalité printemps-été 2013
Belgique 33,6 % 8,9 %
Danemark 20,2 % 2,9 %
Allemagne 13,6 % 3,8 %
Estonie 23,4 % 4 %
Finlande 23,3 % 6,5 %
France 14,1 % 13,6 %
Grêce 6,6 % 2,5 %
Hongrie 8,8 % 1,9 %
Italie 5,3 % 2,3 %
Lettonie 15,3 % 0,4 %
Lituanie 3,5 % 0,3 %
Pologne 14,8 % 1,2 %
Portugal 14,8 % 3,5 %
Slovaquie 6,1 % 0,7 %
Espagne 9,5 % 6,8 %
Suède 28,7 % 2,4 %
Grande-Bretagne 28,8 % 9,7 %

Notons que le record de mortalité des abeilles en été est détenu par la France, également premier consommateur de pesticides en Europe… Si le lien n’a pas été fait par cette étude, les maladies n’expliquent pas ce triste palmarès. En effet, en France, les maladies recensées lors de la visite estivale des ruches sont à un niveau très bas : 1,5 % pour la loque américaine, 1,2 % pour le varroa et moins de 1 % pour la noséma.

En hiver, c’est notre voisin belge qui voit le plus de ses abeilles mourir.

L’étude se focalise sur les maladies

Dans un premier temps, l’ANSES s’est concentré sur les maladies et les agents pathogènes des abeilles. En ce qui concerne les maladies des abeilles, la loque américaine et la loque européenne (deux maladies dues à des bactéries) ont eu peu d’impact sur la mortalité des abeilles des 17 Etats membres participants.Par ailleurs, seuls quelques cas cliniques de paralysie due au virus de la paralysie chronique ont été observés dans cinq des 17 Etats membres.

Enfin, bien que 15 arthropodes suspects aient été récoltés dans sept Etats membres au cours de la première année d’EPILOBEE, les analyses n’ont pour aucun de ces cas confirmé la présence de A. tumida (petit coléoptère de la ruche) ni des acariens Tropilaelaps, deux agents pathogènes responsables de maladies exotiques dont les abeilles européennes sont indemnes.

En revanche, la varroase (due au parasite Varroa destructor) a été observée dans 13 des 14 Etats membres présentant des données complètes. Enfin, le taux de colonies touchées par la nosémose, une maladie parasitaire, très contagieuse, a dépassé 10 % dans 4 Etats membres sur les 16 présentant des données complètes.

Hormis l’impact, déjà connu, de la varroase, les maladies semblent jouer un rôle relativement modeste dans la mortalité des abeilles, qu’en est-il des pesticides tant décriés ?

Les pesticides : grands oubliés de cette étude sur la santé des abeilles

L’ANSES indique que « ce projet européen n’a pas intégré, à ce stade, la détection de pesticides, mais il devrait à terme être complété pour prendre en compte l’ensemble des facteurs potentiellement à l’origine des phénomènes de mortalité constatés, comme l’Anses le pratique déjà dans son laboratoire de Sophia-Antipolis et dans le cadre de ses travaux d’évaluation des risques. »

En effet, l’absence de recherche sur les pesticides et les modes de production agricoles des cultures riveraines des ruches laisse perplexe : « Cette étude est un peu étrange, ironise l’apidologue[2] David Goulson, professeur à l’université du Sussex (Grande-Bretagne). Ils dépensent plus de 3 millions d’euros pour étudier la santé de l’abeille et ne mentionnent même pas le mot ‘pesticide’ !« , rapporte le journal Le Monde. « Le protocole choisi ne considère qu’une seule catégorie de facteurs pouvant causer des troubles de l’abeille : les agents pathogènes et les parasites, renchérit l’apidologue Gérard Arnold, directeur de recherche au CNRS. Si on ne recherche que des agents infectieux, on ne risque pas de trouver des résidus de pesticides. Ce choix est politique, pas scientifique. »

L’Anses répond à ces accusations en précisant que cette première année du projet EPILOBEE dont les résultats ont été publiés dans l’étude associée, a permis la mise en place d’une méthodologie harmonisée pour la surveillance des colonies d’abeilles qui pourra être envisagée en routine dans le futur, afin de disposer à terme de données sur la dynamique de l’évolution de la santé des abeilles et de mesurer sur une base objective les effets de mesures de gestion des risques mise en place par les états membres. « Nous nous sommes accordés avec la Commission pour élaborer, sur les deux premières années, une méthode d’évaluation robuste de la santé des colonies, afin de pouvoir comparer les pays, précise Gilles Salvat, directeur de la santé animale à l’Anses. Si nous avions d’emblée effectué un très grand nombre de prélèvements et d’analyses supplémentaires, le coût aurait été prohibitif. A l’avenir, des études plus ciblées seront faites. »

Pour la biodiversité, les abeilles et notre santé, l’avenir est attendu depuis au moins 30 ans…

>>>Auteur : Christophe Magdelaine<<<

« Elles agonisent et se jettent en dehors des ruches pour mourir. »

Christophe Nedelec, un « petit » apiculteur artisanal d’Île de France publie ce 5 mai 2017 cette vidéo alarmante de ses abeilles qui agonisent à leur retour des champs.

L’apiculteur pointe du doigt l’agriculture industrielle et les exploitants de Villevaudé « dont mes abeilles participent à la pollinisation des récoltes » précise-t-il.

« Merci de tuer celles qui vous permettent de vivre en ayant utilisé de « bons » pesticides autorisés par l’État Français et l’Union Européenne et notamment sur le Colza…. !!!!!! » Hurle-t-il sur sa page facebook. « L’agriculture chimique ou la guerre contre la nature.

3 colonies sur 9 sont touchées, pas sûr qu’elles survivent. »

En France, le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles continue de décimer les butineuses. Certains apiculteurs peuvent accuser jusqu’à 90 % de pertes estime le CNRS. Un tiers de l’alimentation mondiale dépend de la pollinisation.

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