Crise sanitaire : Le témoignage poignant d’un étudiant: «Une génération de morts-vivants»

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Crise sanitaire : Le témoignage poignant d’un étudiant: «Une génération de morts-vivants»

Gaspard Guermonprez, étudiant, nous livre un témoignage poignant.

«Dans un monde devenu fou.»

Gaspard Guermonprez: «Cette histoire est inspiée d’une histoire vraies. Cette l’histoire de Heïdi, de Antonin, de Hugo. La réalité de Rayan, de Émilie, de Clara et de millions d’autres. Depuis presque un an, ma chambre est devenue mon bureau, mon lieu de repos, mon cinéma, mon amphi, ma BU, ma cafét et il est vrai, un mini-bar quand je craque. Cette pièce, la seule de pièce. Celle qui nous sert de repère dans un monde devenu fou. Celle qu’on veut quitter pour de bon comme un naufragé pris au piège. Nous les étudiants, nous les confinés, nous les Robinsons modernes. Notre avenir se ternit, nos rêves s’estompent, nos cours s’annulent.»

«Le décrochage, l’abandon, le désintérêt, l’échec et la fatigue de nos écrans»

Gaspard Guermonprez: «La lassitude et l’incertitude font désormais partie de notre quotidien. Mais le temps, les concours, les partiels, eux: ne s’arrêtent pas. On nous demande d’alimenter un CV à tout prix sur un marché du travail toujours plus compétitif, avec des premiers jobs, des premiers stages qui aujourd’hui: n’existent plus. Si on a pas d’espoir, pas de perspectives d’avenir quand on a 20 ans, alors que nous reste-t-il ? Malgré la volonté et la bienveillance du corps enseignant, il y a des choses qui ne se remplacent pas. Au mieux, le décrochage, l’abandon, le désintérêt, l’échec et la fatigue de nos écrans.»

«Mais à quoi sert-il de vivre si c’est pour laisser place à une génération de morts-vivants»

Gaspard Guermonprez: «Au pire, les suicides par centaines, les appels de détresse de dizaines de milliers d’autres, et en globalité, une chute sombre de notre santé mentale. L’isolement est réel. Le livreur de pizza devient un camarade, le papillon de nuit un vieux copain. À cette solitude s’ajoute pour beaucoup une précarité, un stress économique. Alors je peux tenir longtemps de faire semblant que tout va bien sur une musique au piano… Mais à quoi sert-il de vivre si c’est pour laisser place à une génération de morts-vivants. Le coût de cette maladie dépasse les couloirs d’hôpitaux et les cimetières. Il est humain.»

«J’en viens presque à m’estimer chanceux»

Gaspard Guermonprez: «De l’éducation de nos enfants, à la socialisation des ados. J’en viens presque à m’estimer chanceux. Chanceux d’avoir pu profiter de mes premières années universitaires, même si cette pandémie m’a volé la fin de mes études, mon Erasmus, des rencontres mortes dans l’oeuf, j’ai pu rencontrer, pour de vrai, mes professeurs et mes camarades dans un temps qui semble désormais bien loin. Nous sommes français, européens, être étudiant signifie donc pour beaucoup aussi la découverte de l’étranger. Habiter une autre ville, une autre culture. Vous avez eu la chance de le faire, alors pourquoi pas nous ? Adieu Montréal, adieu Paris, adieu Londres, adieu Berlin.»

«Génération sous anti-dépresseur, je m’interroge»

Gaspard Guermonprez: « »C’est dur d’avoir 20 ans en 2020″ formule du gouvernement qui navigue à vu d’oeil depuis des mois, les médias et les politiques s’étonnent du désintérêt de notre génération lors des rendez-vous électoraux. Mais dans leur bouche, nous étions tous à cette rave party bretonne. Pourtant quand je marche dans la rue, les « sans-masques » sont souvent des ainés réfractaires, surment leur manière à eux de nous dire: « Merci ». À quoi sert-il de vivre, si c’est pour vivre terré, sans culture, sans rencontres, un ordinateur portable pour seul interlocuteur. Génération sous anti-dépresseur, je m’interroge.»

«Au sens du sacrifice de notre génération»

Gaspard Guermonprez: «Pas de solutions miracles à proposer, mais un appel général à la reconnaissance. Au sens du sacrifice de notre génération, car même quand c’est dur d’y trouver encore du sens. Nous, étudiants de France, vivons littéralement enfermés depuis presque un an, dans ce qu’on nous a pourtant décrit comme: Les meilleures années de nos vies.»

Stéphane Guibert / Rares Mihai Florescu / Finalscape / VK MondiAspora

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