Chemins de fer britanniques: pionnier de la privatisation le Royaume-Uni semble faire marche arrière

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À l’heure où les cheminots français redoutent une future privatisation des lignes, le Royaume-Uni, pionnier de la libéralisation du rail, fait marche arrière. Et renationalise sa ligne déficitaire Londres-Edimbourg.

La privatisation a fait chou blanc. Trois ans après avoir concédé la gestion de sa liaison ferroviaire Londres-Edimbourg, le Royaume-Uni est contraint de faire marche arrière. À bout de souffle (et de sous), la compagnie Stagecoach n’est plus en mesure d’honorer son contrat.

Pourquoi renationaliser ?

Parce que la privatisation de la ligne ferroviaire Londres-Edimbourg est un fiasco. Le Royaume-Uni avait confié sa concession à Stagecoach, en 2015. La compagnie privée en détient 90 %, les 10 % restant ayant été concédés à Virgin.

Stagecoach, qui ne doutait pas d’en tirer de bons profits, s’était engagée à reverser 3,3 milliards de livres sterling à l’État d’ici à 2023 (3,8 milliards d’euros), rappelle le journal britannique The Guardian. La compagnie, s’il a déjà versé un milliard d’euros à Londres, assure en avoir perdu plus de 300 millions…

Incapable d’honorer son contrat, Stagecoach est priée de raccrocher les wagons. Dès le 24 juin, la liaison ferroviaire East Coast line repassera sous la coupe du Département britannique des transports publics, mais sera gérée, dans les faits, par un consortium privé (Arup-SNC-Lavalin-Ernst & Young).

Une décision « surprenante et décevante », déplore la société privée dans The Independent. Stagecoach dénonce notamment les promesses non tenues de la société à capitaux publics Network Rail, qui a repoussé certains aménagements prévus sur cette ligne.

« La compagnie avait promis de payer au gouvernement plus qu’elle ne le pouvait en réalité », rectifie de son côté le ministre des Transports, Chris Grayling, sur Sky News.

Est-ce une première ?

Non. Cette ligne de l’est de l’Angleterre a été privatisée, puis renationalisée, déjà trois fois en moins de douze ans.

Pionnier européen de la privatisation du rail, dès les années 1990, le Royaume-Uni a connu, depuis, moult déconvenues. Plusieurs sociétés privées ont fait défaut. À chaque fois, l’État a dû reprendre la main. Le temps de remettre les comptes à flot…

Qu’en disent les cheminots ?

Le syndicat Unite jubile : « Ce serait mieux pour l’économie, pour les finances et pour les usagers si le gouvernement mettait fin à la privatisation du rail », extrapole Hugh Roberts, l’un des dirigeants de la section cheminots.

Le Labour savoure aussi sa « victoire ». « Le Parti travailliste avait fait de la renationalisation du système ferroviaire une promesse clef » de son programme, lors des dernières élections législatives, en juin 2017, rappelle The Independent.

« C’est bien de voir Chris Grayling mettre en œuvre la première étape de notre Manifeste du Travail, qui promet de renationaliser les chemins de fer », jubile sur Twitter John Mc Donnell, chancelier du cabinet fantôme du Labour.

Crédit vidéo (Radio Télévision Suisse)

 

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